Je suis née en 1964 et j’ai étudié à la Sorbonne, DEUG de lettres, art et communication, bien décidée à devenir attachée de presse, journaliste ou scénariste de chefs-d’œuvre…

Mais la vie décide pour vous et j’ai du abandonner brutalement mes études pour travailler et subvenir à mes besoins.

J’ai donc pris le chemin de l’ANPE (ancêtre pôle emploi), la mort dans l’âme. Pas de droits, évidemment.

Le conseiller qui me suivait m’a rapidement trouvé un poste. Il a utilisé un argument choc pour convaincre mon futur patron. « Celle-là, elle m’emm… tous les jours, je suis sûr qu’elle veut vraiment travailler ». C’était en 1985, l’ANPE remplissait encore son rôle, mais on parlait déjà des profiteurs du système…

En 1985, je démarre un premier CDI en tant que secrétaire commerciale dans une petite entreprise d’import-export en composants électroniques. Cela consiste à passer des commandes principalement en Asie et aux États-Unis,  sur un Télex (le véritable ancêtre du mail), dans un langage commercial codé ultra réduit.

Puis je réceptionne la marchandise, compte des centaines de milliers de pièces, les remballe et les expédie chez des clients, en France et en Europe. Je passe mes après midi dans un local de stockage poussiéreux. Bien loin de Marcel Proust.

En 1987, je quitte l’entreprise, pour démarrer une carrière de représentant de commerce (ceux qui passent par la fenêtre quand on ne leur ouvre pas la porte).

Pendant 4 ans, je fais mes armes. Je vends des encyclopédies chez les particuliers, des produits d’hygiène et d’entretien dans les cafés et les hôtels, de la vaisselle dans les restaurants, du papier toilette dans les maisons de retraite… Bref j’arpente le terrain avec ma mallette et tout le matériel dans la R16 (private joke de VRP).

J’apprends à pousser les portes, encaisse quelques humiliations, me forge une carapace dans un métier que je n’envisageais pas. J’entre au domicile des Français, je découvre la réalité des artisans, commerçants, PME, mais aussi la lenteur de nos administrations.

Je goûte à la solitude du commercial, seul au restaurant, dans sa voiture ou dans sa chambre d’hôtel.

Pourtant, j’attrape le virus. Aller vers les autres, et vendre !

Au détour d’un déjeuner, je rencontre un directeur d’agence bancaire qui a démissionné de son poste pour se lancer dans le courtage en crédits immobiliers. Il monte son équipe chez les pionniers du courtage, et me propose de faire partie de l’aventure.

Je n’ai aucune connaissance de ce milieu mais il m’affirme que j’apprendrais vite. Sans aucune connaissance ni formation, me voici projetée dans un univers de chiffre et de calcul, le tout plongé dans le grand bain de l’immobilier.

 Il me faut apprendre tout un vocabulaire, comprendre le système bancaire français, le rôle des notaires, le jeu du chat et de la souris entre les banquiers, les clients, les professionnels. En 1990, cette profession n’est pas réglementée, tout s’invente dans des bureaux feutrés.

Au bout d’un an, je commence à bien piger le système. Mais la guerre du Golfe éclate. Les barons de l’immobilier tremblent, beaucoup tombent. Certains se relèvent, d’autres pas. Les banques paniquent, ferment les robinets, épongent leurs contentieux. Je tiens bon malgré tout, et le soleil revient sur les affaires.

Au bout de 10 ans, je commence à ressentir une certaine frustration. Ce métier d’intermédiaire ne permet pas de décider sur ses propres dossiers, je décide d’intégrer une banque pour connaître la face cachée.

Nous voici en 2002. Le Crédit Foncier renforce ses équipes commerciales. Un constructeur de maisons individuelles me recommande auprès d’eux. 4 entretiens plus tard, je suis embauchée aux conditions demandées.  J’ai enfin la possibilité de dire oui ou non aux clients.  En prime, je découvre les joies du salariat. Congés payés, horaires fixes, avantages sociaux…

Conseiller de clientèle, directrice d’agence (j’encadre jusqu’à 15 collaborateurs), puis directrice de clientèle privée, je vais étudier, accepter ou refuser des centaines de crédits, faire remplir autant de questionnaires d’assurance.

Pendant 29 ans, je mesure de l’intérieur l’état de santé financier des ménages français, les revenus de tous les corps de métier, et ceux des rentiers. Des gens de peu aux plus grandes fortunes.

J’observe les habitudes de consommation, mais aussi l’évolution des pathologies médicales. Je mesure l’étendue de tout l’arsenal juridique et fiscal utilisé par certains contribuables pour diminuer l’impôt.

L’actionnaire, le groupe BPCE, clame un peu trop haut et fort qu’il est très attaché au Crédit Foncier, dernier établissement français spécialisé en crédit immobilier.  J’ai appris à lire entre les slides des forums de manager et décrypte la langue de bois des membres du COMEX.

Cela me parait évident, il va nous lâcher, malgré 175 ans d’existence.

Juin 2018, c’est le choc pour les 2 400 salariés. La banque historique de Napoléon III va disparaître.

Nous l’apprenons par un article sur internet alors même que le comité d’entreprise se déroule ! Très peu de ligne dans la presse écrite, rien dans les médias audiovisuels, merci confrères.

Abasourdis, nous tentons d’alerter l’opinion. Tout le monde s’en fout. Tant que l’on n’arrache pas la chemise de nos dirigeants, aucun intérêt.

Cette fermeture aura pourtant des conséquences importantes sur le financement immobilier des particuliers, mais l’opinion n’aime pas les banquiers.

Je n’ai jamais renoncé à écrire. Et je préfère anticiper l’avenir.  Aussi, en 2016, lorsque j’ai vent du départ du correspondant de presse local, je contacte le Journal de Gien.

Je fais un test et le rédacteur en chef me propose de travailler non pas sur une, mais 6 communes. Désireux de faire évoluer sa ligne éditoriale, il est très à l’écoute de propositions. Je suggère des idées, apporte des sujets, réalise des portraits, des interviews…

Mes articles font quelques fois la une et la der. Je m’en frotte les yeux.  C’est donc possible. Chaque week-end, j’apprends ce nouveau métier, découvre le monde des associations et les difficultés de la ruralité. Je côtoie les élus locaux et vais à la rencontre de la population.

2019, vient l’heure de la reconversion. En télétravail depuis 6 ans, je vis au milieu de la belle forêt de Sologne, entouré de mes chevaux, de mon âne et de mes chiens. Retourner dans un bureau bancaire en centre-ville, même pas en rêve…

J’opte pour une formation de rédacteur web, optimisation SEO et copywriting et décroche en parallèle des missions dans deux autres journaux régionaux.

Fraîchement diplômée rédactrice web par le comptoir des rédacteurs (merci Valérianne !), je poursuis ma formation SEO et Copywriting (merci Chris !). A cela, j’ajoute une formation WordPress (merci Lycia !)

En parallèle, je commence une collaboration avec 2 autres titres de presse régionale, Tribune hebdo Orléans et le Journal de la Sologne.

Fibre littéraire, quand tu nous tiens !